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Rencontre avec Xavier Boes, géoarchéologue de l'INRAP

Par admin Marduel, publié le vendredi 16 décembre 2022 10:52 - Mis à jour le vendredi 16 décembre 2022 10:52
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Les terminales enseignement scientifique E et D ont rencontré Xavier Boes. Merci pour ce moment très intéressant!

Xavier Boes est un géoarchéologue travaillant pour l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives)  et pour le musée de l'homme de Paris.

Il étudie la « géoarchéologie des plus anciens sites archéologiques d’Afrique » qu'il dirige à l’INRAP depuis 2016, dans le cadre de la Mission Préhistorique au Kenya. Il est spécialisé dans l'étude du bassin du Turkana (nord Kenya essentiellement et sud Ethiopie) avec des fossiles de -4,2 à -0,7 Millions d'années.

Nous nous sommes posés les questions suivantes :

Qui sont les premiers représentants de notre lignée humaine ?

Où sont-ils présents ?

Dans quelles conditions climatiques ont-ils vécus ?

Comment dater ? Comment sont obtenues les données géochronologiques sur le terrain ?

 

 

 

 

Qui sont les premiers représentants de notre lignée humaine ?

Les plus anciennes représentations de l’Homme préhistorique datent de 1886, dans le livre Le Monde avant la création de l’Homme, elles sont très caricaturales et non scientifiques. Aujourd’hui les plus célèbres sont celles d’Élisabeth Daynes (paléoplasticienne dont les travaux sont visibles au musée des confluences à Lyon par exemple).

Il nous situe dans le temps les différents corps préhistoriques retrouvés : Lucy date d’il y a 3,2 millions d’années, Turkana Boy 1,6 million d’années, et le plus ancien Toumaï 7 millions d’années.

 

Où sont-ils présents ?

Xavier BOES nous parle de la région dans laquelle il mène les recherches archéologiques : le bassin Turkana, dans le Rift Est africain. C’est une zone extrêmement aride avec un lac, le lac Turkana. Il s’agit du plus grand lac présent dans un désert.

On retrouve énormément de fossiles autour du lac (gisement à fossiles), qui datent d’il y a entre 3 et 4 millions d’années.

Dans quelles conditions climatiques ont-ils vécus ?

Nous cherchons à comprendre pourquoi ils se situent dans un désert.

Le climat évolue. Avant 4 millions d’années, il y avait en moyenne 3 ou 4°C de plus qu’aujourd’hui. Les hivers étaient moins froids (Climat interglaciaire).

Il y a toujours eu des ères glaciaires, il faut donc s’attendre de nouvelles glaciations dans le futur.

Puis nous voyons le changement des océans : avant 3,5 millions d’années les deux océans Pacifique et Atlantique étaient reliées par un passage maritime entre les 2 Amériques.

Puis le courant océanique régulateur de climat « Golf stream » a été modifié et cela a entrainé des modifications de climat en Afrique.

L’astronomie peut aussi expliquer les changements climatiques : les variations de l’excentricité orbitale. La Terre tourne autour du Soleil en formant des ellipses ou des cercles : ellipse = excentricité 1 = saisons prononcées à cercle = excentricité 0 = peu de variations.

Tous les 100 000 ans, la zone verte de l’Afrique grandit / rapetisse.

Pour le lac Turkana, il y a 3,5 millions d’années, l’excentricité orbitale était en ellipse.

En Afrique de l’Est, les mégalacs disparaissent lorsque le climat bascule vers un climat glaciaire. Le lac Turkana a diminué de surface. Le bassin de Turkana est un rift entre deux grands plateaux qui accumule beaucoup de sédiments.

Cela explique la richesse en fossiles du lac Turkana.

Aujourd’hui on a trouvé une nouvelle zone riche en fossiles : les collines pliocènes de Lomekwi. .

Comment dater ? Comment sont obtenues les données géochronologiques sur le terrain ?

L'Afrique de l'Est est une région riche en fossiles dont certains très connus (Lucy, adolescent de Turkana....) mais les plus connus ne sont pas forcément les plus anciens.

On peut utiliser les principes de datation relative et absolue pour dater les fossiles ou outils trouvés.

Merci de nous avoir fait découvrir ce métier, ces recherches, ces fossiles.

Merci à Agathe, Alexis, Nils et Reyhan pour la prise de notes pour cet article.

Pour aller plus loin

https://www.albuga.info/fr/prehistoire/Homo_Faber/index.html