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Claude Bernard à Barbie Land

Par EMMANUEL MARDUEL, publié le jeudi 9 novembre 2023 08:27 - Mis à jour le jeudi 9 novembre 2023 08:27
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Qui a dit que le programme du bac de français était déconnecté de la réalité ? Pour travailler le parcours « écrire et combattre pour l’égalité », les élèves de 1ère GT du lycée ont assisté à Barbie, au cinéma Les 400 coups.

Claude Bernard à Barbie Land

 

Qui a dit que le programme du bac de français était déconnecté de la réalité ?

Pour travailler le parcours « écrire et combattre pour l’égalité », dans le prolongement de l’étude de La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, les 291 élèves de 1ère (générales et technologiques) du lycée ont assisté ce jeudi 12 Octobre à la projection du film événement de l’été, Barbie, au cinéma Les 400 coups.

Certes, de prime abord, le rapprochement entre le film de Greta Gerwig et l’œuvre d’Olympe de Gouges n’est pas forcément évident. Pourtant, après visionnage, les élèves ont pu opérer des rapprochements efficaces : si Barbie voit la vie en rose dans son univers, la confrontation avec le vrai monde lui montre les dérives du patriarcat et la difficulté, pour les femmes, de trouver leur place dans un environnement exclusivement dirigé par les hommes. Le trait est grossi, dans les deux cas, bien évidemment, mais c’est précisément la caricature qui, par l’outrance, permet de souligner les limites de l’utopie, comme celles de la réalité. Les revendications féministes énoncées aux lendemains de la Révolution Française par Olympe de Gouges trouvent donc ici un singulier écho.

Au-delà du contenu, la forme du film, toute empreinte de parodie et de pastiche, peut également renvoyer au processus de réécriture et de féminisation de La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Inspiré ici des comédies musicales (ballet final des Ken, par exemple, mais pas uniquement), là des cartoons (course poursuite des dirigeants de Mattel aux trousses de Barbie), le film s’ouvre sur une magistrale reprise de la scène inaugurale de 2001 l’Odyssée de l’espace. L’hommage au film culte de Kubrick donne le ton et place la création de la poupée en plastique sur le même plan que la découverte de l’outil à l’aube de l’Humanité. Le second degré et l’humour sont ainsi de rigueur.

Les stéréotypes, masculins et féminins, sont écorchés avec la même ironie et la caricature permet, par-delà le rire (ou le sourire) de dénoncer certains travers de nos sociétés, comme si la comédie de Warner Bross revenait aux fondamentaux du genre (Castigare ridendo mores : fustiger, corriger, par le rire, les mœurs…). On a apprécié le divertissement. Charge à nous d’en tirer, désormais, les enseignements : « plaire et instruire ». N’était-ce pas la devise du siècle classique ?

Chloé Lelong